dimanche 26 août 2012

Mesa Verde

Après une petite grasse mat on attaque les 60 km qui nous séparent de Mesa Verde. A l’entrée on bénéficie d’une présentation du parc par un ranger mais en français ! C’est le premier américain que l’on croise à nous parler dans notre langue…


Pour une fois, le visitor center se fait attendre, il faudra grimper à une vingtaine de kilomètres sur la mesa. Arrivé sur place, il est déjà midi et on se dépêche de réserver des visites guidées des habitats troglodytes qui sont la particularité du parc. Les différentes attractions sont très éloignées les unes des autres, on aura juste le temps d’en faire deux.


 


Tout d’abord, direction Long house, après avoir posé la voiture on a droit à un tour de petit train nous amenant jusqu’au départ de la randonnée. Rencontre avec notre ranger/ guide qui nous indique que le parc est classé au patrimoine mondial de l’humanité. 
















Avant d’entamer la descente vers l’habitat des pueblos elle nous fournit de nombreuses explications sur leur mode de vie aussi bien leur habilité dans la construction et la culture de maïs qu’au niveau de leur spiritualité.

Notre ranger passionnée arrive de manière remarquable à nous faire entrer dans la vie de cette époque, en effet, elle est bien placée car elle a été adoptée par les indiens Hopi qui sont une des tribus descendants des pueblos.

Une petite pause historique afin de vous familiariser avec ces peuples quasiment absents de nos manuels d’histoire : Les Pueblos sont les populations indiennes du Nouveau-Mexique, identifiés vers 200 av. J.-C. La plupart des communautés pueblos s'installèrent aux XIVe et XVe siècles dans la vallée du Rio Grande, tandis que d'autres, comme les Hopis et les Zunis s'établirent à l'ouest.

En août 1680, les guerriers pueblos se révoltèrent contre les Espagnols et parvinrent à les chasser de leur région.  Mais en 1692 la reconquête espagnole du Nouveau-Mexique commença pour s'achever par le rétablissement total de la domination espagnole en 1700.


Cependant, les Espagnols n'exigèrent plus de tributs aux Pueblos et les pratiques ancestrales religieuses furent plus ou moins tolérées. En outre, ils établirent avec les Pueblos des alliances militaires pour lutter contre les raids de leurs ennemis communs, les tribus nomades apache, navajo et comanche. La Cour suprême américaine déclara en 1876 que les Pueblos, étant un « peuple pacifique, agricole, honnête et christianisé », ne devaient pas être considérés comme des Indiens et qu'ils n'avaient donc aucun droit de propriété exclusive sur leurs territoires, ni liberté politique.

Dans la pratique, les Pueblos ne bénéficièrent ni des droits que leur donnait la nationalité américaine, ni de l'autonomie relative des réserves, considérées comme des entités politiques et groupes raciaux différents. Puis en 1913, face au problème d'alcoolisme et de la persistance des pratiques païennes, la Cour suprême décréta qu'en réalité les Pueblos étaient bien des Indiens et, en 1931, elle leur accorda les mêmes droits et statuts qu'aux autres nations indiennes.

Depuis, les Pueblos possèdent des territoires délimités avec leurs propres gouvernements et conseils qui, bien qu'étant assujettis aux lois fédérales, jouissent d'une autonomie politique. Les indiens pueblos ont préservé, grâce à leur sédentarité et leur conservatisme, leur culture presque intacte tout en s'adaptant à celles venues de l'extérieur.

Revenant à la suite de nos découvertes. On suit alors un petit chemin qui nous fait descendre à flanc de paroi pour arriver à long house, nichée dans un renfoncement de la falaise sur 150m de long. A cause des différentes couches de roches, l’eau de pluie s’écoule doucement au niveau de ce renfoncement et leur servait d’eau potable. Ici il n’y a pas de source à proprement parler ni rivière. Les chercheurs pensent que ce village s’est développé autour des années 1170 lors de longues périodes de sècheresse. Les bâtiments étaient construits en mortier de terre et en pierre de grès plus ou moins taillées selon les époques.


Reprenant le petit train, c’est cette fois seul que nous partons à la découverte de Step House. Une ranger et tout de même présente pour surveiller les lieux et nous explique que de nombreux pillages se sont produits dans la région avant que le site ne soit officiellement découvert. Ici a été reconstitue une forme d’habitat plus ancienne dit Pit house : habitation rondes en bois recouvert de torchis dont l’entrée se faisait par une ouverture au centre du toit.











Puis on retourne sur l’étroite route vers l’autre versant du parc. Sillonnant à 2600m, le long des nombreuses falaises et gorges du plateau, elle traverse un paysage sec parsemé de fleurs jaunes pétantes et même quelques tournesols sauvages.

Arrivant en avance sur l’horaire, on profite de ce temps pour visiter le musée à propos de la culture Pueblos. On passe à travers 15 000 ans d’histoire : des premiers hommes traversant le détroit de Béring jusqu’aux descendants actuels des pueblos et autres indiens. Y est aussi exposé le travail des Pueblos dont on nous a parlé, notamment des sandales et couvertures faite en fibres de Yucca puis recouverte en plumes de dindons afin de passer les hivers rudes.

On s’aperçoit que cette culture a évolué d’une manière complètement différente de celle du vieux continent. Le plus frappant est l’absence de métaux, ils ne sont pas passé comme nous par l’âge de bronze,… et la révolution que ça a entrainé.

Peut-être est-ce pourquoi cette culture est restée pacifique avec comme valeurs principales l’entraide et l’échange de biens et de connaissances avec les tribus voisines (même jusqu’en Amérique centrale !). Pour mieux visualiser ce que devait être le commerce à cette époque, il faut s’imaginer qu’il n’y avait ni chevaux, mules ou vaches, tout ce faisait donc à pieds. On est ici au Sud du Colorado, a plusieurs milliers de kilomètres de l’Amérique du Sud d’où était échangé notamment perroquets et coquillages. Une sacrée prouesse !


Leur évolution c’est donc plutôt faite dans l’art de l’agriculture en terrain aride (ils ont découvert et développé le maïs, le coton,…), la vannerie, la poterie et la joaillerie.


Après 45mn dans le musée, ce qui nous a paru un peu court, on attaque la visite de la fameuse Cliff Palace avec un ranger au fort zozotement mais très éloquent.

A travers ses explications on s’immergera davantage dans les détails de la vie quotidienne au sein des habitations troglodytes. Ce village aux nombreuses pièces servait principalement de lieu de stockage des récoltes.



Les archéologues pensent que les pueblos avaient une organisation coopérative. La majorité vivaient par famille dans des habitations plus petites à flanc de falaise ou sur le plateau et venaient stocker et échanger leurs denrées dans des villages tel que Cliff Palace ou Long house qu’on a visité plus tôt. C’était donc un lieu de rassemblement pour la communauté, un habitat et un lieu de culte.





Les pueblos ne sont pas qu’un peuple, le nom est aussi utilisé pour décrire ces habitations construites sur plusieurs étages. Chaque étage est un peu en retrait par rapport à celui d’en dessous et possède une terrasse qui est le plafond du niveau inférieur. Sur certaines façades on voit encore sortir des rondins à la perpendiculaire, il s’agit des restes d’armatures de toiture en bois et en torchis qui formaient des terrasses supplémentaires. Il faut donc s’imaginer un enchevêtrement d’échelles permettant de passer d’un niveau a l’autre et de portes intérieures pour se déplacer de pièces en pièces sur un même étage.


Sur les places se trouvaient les kivas souterraines, lieux de cérémonies religieuses, considérées comme un espace sacré réceptacle des esprits qui animent la création, où l’on accédait par le toit.


Le mythe sur l'émergence des peuples pueblos est le suivant: ils racontent leur voyage dans quatre mondes différents, puis leur arrivée sur celui-ci.



Les humains partageaient un pays souterrain avec les animaux, les plantes et les Esprits. Il y a très longtemps, les hommes aidés par des Esprits quittèrent cet univers en traversant plusieurs sphères avant d'arriver à la surface par un passage appelé Sipapu, représenté par un trou entouré de pierres, creusé dans le sol des kivas.

Aujourd’hui on en voit plus qu’un mur rond dans la terre dont deux ouvertures permettait de ventiler un foyer brulant au centre de la pièce.


On passe 1 heure à écouter avidement les explications du ranger et à poser toutes les questions possibles. Puis il est temps d’attaquer la remontée vers le plateau, l’ascension est hasardeuse entre marches sculptées dans la roche et échelle à flanc de paroi.








Direction ensuite la sortie du parc ou un coyote et quelques biches viennent croiser notre chemin. Il se fait tard, on roule vers le Sud pour avaler pas mal de kilomètres avant de se coucher.




A la nuit tombée, on passe la frontière du Nouveau Mexique sur une petite route de campagne. Même en se rapprochant de Roswell toujours pas d’ovnis à l’horizon ! Au final on échoue vers 23h sur un parking de Wallmart ouvert 24h/24h…

On est à chaque fois ahuris par le nombre d’américains faisant leur grosses courses en pleine nuit, l’immense parking est loin d’être vide et on se sent comme des aliens en pénétrant dans cet univers de bruits et de couleurs criardes alors on coure pour notre aller-retour obligatoire vers les toilettes ! Société de consommation quand tu nous tient… sic

1 commentaire:

  1. J'ai bloqué un moment en réalisant que j'avais déjà vu ce lieu quelque part.
    En y réfléchissant, c’était dans "Runaway", un très bon jeu vidéo qui passait par cette région, les hopis et tout ca...
    Passionnant en tout cas.

    RépondreSupprimer